Au cœur d'une ruelle sombre et reculée du quartier français, un individu rasait les murs. Ce dernier semblait vouloir quitter l'allée d'un pas lent et modéré. L'allure soignée, le visage inexpressif et les mains habilement rangées dans les poches de son pantalon, il parcourait la distance qui le séparait de l'avenue éclairée et animée sans la moindre discrétion. Pourtant ce qu'il laissait derrière lui n'était pas des plus banals. Une demi-dizaine de corps déguisés pour la parade reposaient sur le sol, inertes. Des petites tâches de rouge décoraient les dalles de la ruelle mais le plus intrigant reposait sur ces deux petits points qu'avaient les victimes au niveau du cou. Une femme qui provenait du boulevard débarqua soudainement, l'air festif sur le visage. Elle se retrouve nez à nez avec l'individu qui tentait de quitter la ruelle. Ce dernier ne prit qu'alors la parole et s'exprima avec un ton calme et reposé:

« Vous n'avez jamais entendu parler de moi. Pourtant vous me connaissez. Je suis cette douleur que vous ressentez quand vous vous tapez le doigt de pied contre l'angle du meuble. Je suis la peur qui vous assaille lorsque vous vous retrouvez plongé dans le noir. Je suis cette souffrance qui vous submerge quand vous perdez un être cher. Je suis l'angoisse qui vous déstabilise quand vous êtes en danger ainsi que la honte qui vous consume lorsque vous échouez. Au fil du temps j'ai hérité de bien des appellations. Certains m'ont qualifié de diable, de fléau ou de peste. D'autres m'ont appelé la fin, la misère ou encore Hades. Au fil du temps mon terrain de jeu a évolué. Quand jadis je m'amusais à regarder un père haineux poursuivre ses fils à travers le monde, à souffler à l'oreille d'une fille destinée à mourir sacrifiée l'impétueuse l'idée de devenir immortelle et à convaincre deux frères de se battre pour les yeux d'une même femme et de réitérer l'erreur encore et encore à travers les âges ... Oui, j'ai manipulé bien des marionnettes. Mais aujourd'hui un nouveau terrain de jeu s'ouvre à moi. Aujourd'hui j'observe cette famille qui a marqué le cours de l'histoire du millénaire passé revenir dans cette ville qu'ils avaient jadis fondée. Ils pensent être un fléau qui vient s'abattre sur la Nouvelle Orléans. Malheureusement pour eux la place est déjà prise. Je ferai du nom des Mikaelson un patronyme que l'on accordera aux personnages de cartoons qui font rire les enfants. Ils ne méritent pas le titre de monstre, cela me revient. Après tout ... »

L'être diabolique qui venait de commettre une atrocité passa alors son chemin, laissant l'humaine qu'il venait de croiser tomber à genoux, vivant. On pouvait lire la crainte et la panique sur son visage. Elle transpirait et peinait à respirer. Elle passa quelques dizaines de secondes à avaler sa salive et à s'ordonner du plus profond d'elle même d'intervenir. Ce fut ainsi qu'elle se mit à hurler au secours. Ce cri transperça le ciel, fit fuir jusqu'à la plus farouche des bêtes nocturnes et marqua ainsi le début de la Guerre de la Nouvelle Orléans.